Notice biographiqueSéverine Clément-Tarantino est MCF de langue et littérature latines à l'Université Lille 3 et membre d'Halma-Ipel (UMR 8164). Elle s'est intéressée dans sa thèse aux modalités de la convocation de la tradition littéraire dans l'Enéide, en fondant son enquête sur une étude détaillée du « portrait » de Fama au chant IV. Après avoir publié plusieurs articles sur l'oeuvre de Virgile et tout en travaillant à la publication de sa thèse, elle a élargi sa recherche à la tradition de l'épopée latine et à la réception de l'oeuvre virgilienne, notamment chez les commentateurs anciens du poète.
RésumésLa façon dont Ovide, dans son remake de la prophétie de Jupiter à la fin des Métamorphoses, tend à identifier l'Énéide à un fatum immuable pour réserver ensuite à son oeuvre les « libertés » de la fama, incite à réfléchir sur l'appropriation à laquelle l'épopée de Virgile est soumise dans la séquence. Si l'on reconsidère, dans l'Énéide, le fonctionnement métadiégétique de la fama et des fata, l'on se rend compte que la première n'est pas aussi libre qu'il pourrait le sembler, et que les seconds ne sont peutêtre pas aussi immota qu'Ovide (après Jupiter et Junon chez Virgile) peut le prétendre. La « trahison » d'Ovide est néanmoins atténuée, en particulier par le fait que son Jupiter pointe le « déplacement » le plus conséquent des fata de l'Énéide : la transformation de la « grande guerre » qui attendait Énée au Latium en réitération de la guerre civile (du gendre et du beau-père), enrobée d'une réitération de la guerre de Troie.The way in which Ovid, in his rewrite of Jupiter's prophecy at the end of the Metamorphoses tends to identify the Aeneid as an unalterable fatum so that he can subsequently give his work the "freedom" of the fama, leads us to consider the adaptation to which Virgil's epic is submitted. If we MOSAÏQUE, revue des jeunes chercheurs en SHS Lille Nord de France-Belgique francophone -3, mars 2010 4 reconsider the metadiegetic function of the fama and of the fata in the Aeneid, we come to the conclusion that the former is not as free as it appears, and the latter possibly less immota than Ovid (following Jupiter and Juno in Virgil's work) claims them to be. Nonetheless, Ovid's "betrayal" is mitigated, in particular by the fact that his Jupiter draws attention to the most important "shift" in the Aeneid fata: the transformation of the great war which Aeneas experienced in Latium into a retelling of the civil war (between the son-in-law and the father-in-law), dressed up as a retelling of the Trojan War.