La crise sanitaire liée à la pandémie de COVID-19 a conduit la collectivité à s’interroger sur la valeur accordée à la santé, par rapport aux autres dimensions de la vie. Mais dans quelle mesure les économistes disposaient-ils d’outils pour guider les décisions publiques dans ce contexte épidémique ? Certains arbitrages préexistaient à la crise : entre la protection de la santé de la population à court, ou moyen ou long terme, entre la protection de la santé de certaines populations au détriment d’autres, entre la protection de la santé de la population et la satisfaction de besoins extra-sanitaires (loisirs, éducation, etc.). Les outils que les économistes mobilisent pour évaluer les interventions innovantes et coûteuses (médicaments, programmes de dépistage, etc.) peuvent être utilisés pour éclairer le débat démocratique. La crise a toutefois soulevé des arbitrages plus inédits lorsqu’il s’est agi de choisir entre, d’une part, la protection de l’état de santé de la population, et, de l’autre, la protection des libertés individuelles. Est-il possible et légitime de mobiliser les méthodes issues de l’économie du bien-être pour trancher ce dilemme ?