En mettant l'accent sur le point de vue et les stratégies des « non-experts », cet article aborde les processus de concertation de façon originale. Il montre que les acteurs concernés n'ont évidemment pas les mêmes enjeux que les ingénieurs en charge des projets (ici la réalisation d'un Plan de prévention des risques technologiques). Contrairement à la vision de ces ingénieurs, il ne s'agit pas d'être formé à la lecture des modèles des « experts » afin de mieux contribuer à l'élaboration du plan. Les acteurs concernés se comportent stratégiquement, notamment par rapport à la question de l'information et de la formation et ils évitent de se faire enfermer dans les cadres de l'expertise des ingénieurs de l'État. Une telle analyse de la concertation en action devrait conduire à réexaminer les modalités de construction d'expertises pluralistes. La Rédaction Résumé-L'élaboration des Plans de prévention des risques technologiques (PPRT) est obligatoire en France depuis la loi du 30 juillet 2003 autour des sites industriels classés « Seveso seuil haut » (ou AS). Ces plans, dont l'objectif est de prévoir des mesures de réduction des risques et des vulnérabilités sur le territoire et d'agir sur l'urbanisation afin de protéger les populations et activités situées à proximité, doivent être élaborés en concertation entre les représentants de l'État, des collectivités territoriales, les exploitants industriels et les riverains. Néanmoins, l'asymétrie importante d'information et de connaissances techniques entre les participants a pour effet de biaiser la concertation. Les auteurs montrent que, paradoxalement, le manque de connaissances et d'information peut se transformer en une ressource stratégique pour certains acteurs participant au PPRT.