“…En cela, l'analyse des modalités de l'énonciation spécifique que constitue la prise de parole des chanteuses et des chanteurs, sur lequel je concentre la suite de ma discussion, constitue une voie d'accès privilégiée pour approcher le rôle du régime d'énonciation politique pour produire le collectif hardcore, et donc un révélateur heuristique de choix. En outre, et en écho à l'analyse que propose Philippe Gonzalez des prédications évangéliques, cette piste d'analyse n'exclut en rien la reconnaissance de la participation du « public », des auditrices et des auditeurs, dans l'activité collective que constitue l'énonciation politique et plus largement la production du collectif et de ses frontières ; pour que l'énonciation porte et déploie son caractère performatif, il faut un collectif qui y adhère activement (Gonzalez, 2006). On verra plus précisément, dans le cas des concerts de hardcore, ce qu'implique cette « adhérence », qui réside principalement dans le fait de prêter temporairement à l'énonciateur une position donnant plus d'intensité mobilisatrice à sa parole ; mais aussi, que la participation du collectif au travail performatif de l'énonciation peut impliquer une prise directe de la parole mobilisatrice.…”