S’inscrivant dans la socialisation professionnelle des élèves-ingénieurs, cette recherche étudie le développement de leurs aspirations professionnelles écologiques. Vingt entretiens biographiques, réalisés auprès d’élèves-ingénieurs et de jeunes diplômés de deux écoles d’ingénieurs françaises, font l’objet d’une analyse thématique. Les résultats montrent que les dimensions socio-écologiques tiennent généralement une place marginale dans les curricula prescrits. Parallèlement, un processus d’« éco-socialisation », hors des enseignements, participe au développement d’aspirations professionnelles écologiques. Trois facteurs sont identifiés pour que les étudiants développent de telles aspirations : la rencontre avec des discours d’« entrepreneurs de causes », la présence de « passeurs » dans leur cercle proche et la légitimité des enjeux socio-écologiques au sein des groupes de pairs. L’éco-socialisation se déroule au sein des écoles d’ingénieurs et entre donc en interaction avec leurs curricula. C’est alors au croisement de paramètres individuels et collectifs, situationnels et organisationnels, que peut se comprendre le développement de ces aspirations et leurs influences sur les parcours scolaires et professionnels.