La catégorie juridique «nomade» dans la loi de 1912

Abstract

Pour satisfaire l'opinion, le législateur français élabore en 1912 une loi destinée à surveiller et réprimer le «vagabondage en roulotte». Ceux qui sont visés par la loi sont spécifiquement les «romanichels», c'est-à-dire une population qui est censée se distinguer des autres ambulants, les «forains», par des «traits de race». Comment la République, qui n'est censée connaître que des individus, a-t-elle pu construire légalement une catégorie ethnique qui ne dit pas son nom : le «nomade» ? Comment cette population sera, au nom de la loi, l'objet de sollicitudes policières particulières parce que porteuse d'une altérité que l'on suppose collectivement criminelle ? Quand les principes de la République sont contournés par ceux-là mêmes qui établissent la loi...

Do French ‘Nomads’ Have a War History? A Review of Seventy-five Years of Historiography

“…The term "Nomad" already carries a constitutive ambiguity, since it does not refer to a well-identified ethnic or national group, but to the political project of controlling and surveilling a category of French citizens whose way of life of which the political majority disapproved. Yet this discriminatory treatment preceded the French military defeat of June 1940, as it was implemented under the Third Republic: As these populations could not be officially targeted by a republican regime according to racial criteria (Delclitte 1995), their supposed mobility was used as a basis for discrimination. The law on 16 July 1912 attributes a strong administrative meaning to the term "Nomad": classified in this category effectively deprived you of your rights as a French citizen.…”