Depuis l’élection d’Andrés Manuel López Obrador (AMLO) à la présidence, en 2018, la politique mexicaine semble s’organiser autour de deux pôles antagoniques irréconciliables. Cependant, la bipolarisation de la classe politique ne se reflète pas dans le vote des électeurs, qui demeure pluriel et fragmenté. Cette étude s’intéresse aux effets de l’alternance sur la reconfiguration du système de partis dans une perspective socioterritoriale et historique, en analysant les onze élections législatives tenues depuis 1991 à l’échelle des 300 circonscriptions électorales. Le « tsunami » de 2018 fut le résultat de l’effondrement des trois partis qui avaient structuré la transition politique jusqu’en 2015. Plutôt que de reconcentrer le vote, le gouvernement d’AMLO s’appuie sur une coalition composite, face à une opposition encore plus hétérogène. Loin de se diviser autour d’un clivage bipolaire, les géographies électorales émergeantes en 2021 sont éminemment plurielles. Elles révèlent des ruptures, mais aussi des continuités avec un processus plus large de décomposition politique.