“…Cette activation du stéréotype a été mise en évidence grâce à un phénomène que nous avons nommé restauration stylistique 1 (désormais RS) : nous avons en effet observé, de manière incidente, que, quand le sujet répète un énoncé, il ajoute des éléments absents de l'input qu'il vient d'entendre mais cohérents avec le schéma/stéréotype qu'il a en mémoire. Les exemples suivants illustrent ce phénomène (pour davantage de détails, se reporter à Buson, 2010 Exemple 1 : « la première il dit pas des choses comme ça, il dit "désolé je ne suis pas là" » (Margaux, 9 ans) Exemple 2 : « le premier c'était quand il dit "vous pouvez me laisser un message car je ne suis pas là" » (Seynabou, 10 ans) Nous constatons que l'énoncé entendu, plutôt formel (lexique surveillé, liaisons facultatives réalisées, surveillance articulatoire), est repris dans les commentaires des enfants, non pas à la lettre mais à l'esprit, et qu'ils produisent des marques stéréotypiques des styles formels tels que des ne de négation, pourtant absents du message entendu. L'existence de ce processus de RS, central dans la mise en évidence des liens entre saillance et stéréotype, permettrait de confirmer l'existence de catégorisations cognitives du style en variétés dénombrables et discrètes, pouvant expliquer la difficulté des locuteurs à concevoir l'hétérogénéité des registres.…”