À l’aube de la parution de la Maîtrise indienne de l’éducation indienne (1972), la poursuite d’études postsecondaires chez les Autochtones du Québec demeurait un phénomène encore récent et méconnu. Dans le contexte de prise en charge par les communautés autochtones de leurs propres services, la demande en diplômés autochtones postsecondaires s’est nettement accrue et a donné lieu à des programmes et services destinés spécifiquement aux Autochtones. On pense notamment au projet d’« amérindianisation » de l’éducation à l’UQAC en 1971, et à la création du Collège Manitou, en 1973, commetournants. La spécificité linguistique québécoise s’est d’ailleurs tôt fait sentir, ajoutant à la dimension bilingue initiale (avec le passage d’une langue autochtone à une langue allochtone) celle propre à la dualité linguistique francophone et anglophone d’un système d’enseignement issu de l’histoire coloniale.Cet article s’appuie sur une recension des écrits concernant l’éducation postsecondaire autochtone au Québec de 1972 à 2021. Nous articulons notre analyse autour des changements qui se sont opérés au fil des dernières décennies concernant les programmes destinés aux Autochtones, les services offerts par les établissements, ainsi que les enjeux impliquant les parcours des étudiants autour de l’identité autochtone, du racisme systémique et de la discrimination. Nous constatons qu’en dépit des efforts soutenus d’un nombre croissant d’établissements, les Autochtones connaissent des entraves à la poursuite d’études postsecondaires encore bien présentes. Nous concluons avec une réflexion sur l’université et le cégep comme institutions, leur modèle de développement et leur rôle dans la décolonisation de l’éducation et la démocratisation scolaire.