Entre les réflexions de sociologie historique sur les transformations des administrations publiques et les perspectives micro-sociologiques sur le travail ordinaire des fonctionnaires, cet article défend l'intérêt d'une perspective d'analyse intermédiaire centrée sur des « activités administratives constituantes ». Au terme d'un panorama du champ des multiples recherches sur les administrations, il propose de centrer le regard sur des dispositifs qui donnent forme aux administrations et constituent des rouages essentiels de leurs fonctionnements. Les activités de recrutement, de notation, de structuration de hiérarchies, de construction de division du travail, d'inscription dans l'écrit ou de comptage gagneraient à être constituées en objets propres d'enquêtes et étudiées pour elles-mêmes, dans leurs contextes historiques et sociaux, pour comprendre de manière fine la manière dont se font, se pérennisent et se recomposent les administrations. Aux jeux des échelles d'analyse, au test de la comparaison dans le temps et dans l'espace, l'article présente l'ensemble des contributions du numéro et suggère des pistes de recherches moins linéaires des processus historiques de bureaucratisation et de managérialisation des systèmes administratifs.