La criminologie biosociale à l’aune de la théorie du champ. Ressources et stratégies d’un courant dominé de la criminologie états-unienne

Abstract

Distribution électronique Cairn.info pour Médecine & Hygiène. © Médecine & Hygiène. Tous droits réservés pour tous pays.La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit.

« Une bombe dans la discipline » : l’émergence du mouvement génopolitique en science politique

“…Bien que le rapprochement des sciences sociales et biologiques soit un phénomène incontestable, cette réalité ne doit pas éluder le nouveau boundary-work qui découle de la diffusion de la génétique en sciences sociales, à savoir celui qui oppose les tenants du biosocial à leurs adversaires plus orthodoxes. Le caractère controversé de la génopolitique ou de la criminologie biosociale (Larregue, 2017a) et les luttes internes qui traversent les courants biosociaux témoignent clairement du caractère divisant de la génétique. Bien que la génétique soit bel et bien un boundary object permettant aux généticiens, psychologues, politistes et économistes de collaborer ensemble sur des projets de recherche communs, comme le montre de façon convaincante le cas de la génopolitique, elle permet aussi de soutenir le boundary-work entrepris par les génopolitistes au sein de leur champ vis-à-vis d'autres mouvements d'inspiration biologique et de leurs critiques orthodoxes.…”

“…La profondeur empirique de la génopolitique s'explique en partie par la naturalisation des phénomènes sociaux qui découle de l'usage de la génétique. De même que la criminologie biosociale approche le crime comme un comportement antisocial étranger à toute intervention du système de justice pénale (Larregue, 2017a), la politique n'est plus simplement l'acte citoyen consistant à voter ou à distribuer des tracts. Elle est présente chez l'individu à l'état latent, en dehors de toute manifestation sociale, notamment parce qu'elle serait corrélée à des traits de personnalité.…”

L’impact des minorités bruyantes de chercheurs sur l’état du savoir scientifique. L’exemple de la racial invariance thesis dans la criminologie états-unienne

“…De façon semblable, le sociologue des sciences Aaron Panofsky a étudié la façon dont un petit groupe de généticiens a utilisé des interprétations réductionnistes de l'influence des gènes sur le comportement humain afin de remettre en cause les approches sociales et environnementales (2014). Le cas de la génétique comportementale ne manque pas de rappeler un autre exemple analysé dans cette revue, celui de la criminologie biosociale étatsunienne (Larregue, 2017). En mobilisant la théorie du champ de Bourdieu, ce travail a montré comment quelques criminologues adoptaient un ton polémique pour s'attaquer aux théories sociologiques dominantes et améliorer ainsi leur position au sein du champ scientifique étatsunien.…”

The Making of (Un)certainty in Knowledge Production: Rhetoric at Play in a Heritability Controversy

“…On that front, pro-genetic biosocial researchers are competing with other streams of criminologists (e.g., pro-environment biosocial criminologists, critical criminologists, etc.) for access to research funds and technological resources, creating affiliations to promote their sub-disciplines and controlling departments, as well as instituting their own professional association (Larregue, 2017).…”