En France, la volonté affichée par les pouvoirs publics, à travers l’orientation des textes réglementaires, semble orienter la gestion de l’eau vers une approche dite « intégrée ». La mise en œuvre de cette gestion s’est traduite, en particulier, par le transfert de nombreuses compétences auprès des services dédiés des collectivités territoriales et de leurs groupements. Dans le même temps, la ressource en eau se trouve de plus en plus menacée du fait de multiples pressions d’origine anthropique ‒ autrement nommées « changements globaux ». Dans ce contexte, cet article vise à explorer l’articulation entre une territorialisation de la gestion de l’eau ‒ s’étant traduite en une approche segmentée ‒ et une gestion sous contrainte des changements globaux. Cette articulation a été explorée dans le cas d’une intercommunalité (celle de Lorient Agglomération). Entre la prise en compte des spécificités du territoire, de ses évolutions hydro-climatiques, et les logiques de l’action administrative locale, il ressort que la gestion de l’eau reste majoritairement organisée en filières et marquée par une approche technico-administrative ‒ orientée par l’application des procédures réglementaires, au détriment d’une approche transversale intégrant l’ensemble des acteurs locaux. Ce constat est d’autant plus problématique que les pressions d’origine climatique ont jusqu’à présent été trop peu prises en compte dans les différents outils de planification. Or, si l’absence de transversalité ne semblait pas poser de problème majeur dans un contexte d’abondance, il se révèle particulièrement inadapté au nouveau contexte hydro-climatique – imposant une transversalité sous contrainte.