Une pleine compréhension - objective et dépassionnée - de la guerre en Ukraine impose la considération de tous les paramètres géopolitiques qui ont pu avoir une incidence sur la décision prise par la Russie de lancer le 24 février 2022 ses premières offensives sur le territoire ukrainien. Le rapport des forces démographiques est classiquement l’une des dimensions du rapport de force entre belligérants. Précisément, depuis la chute de l’URSS, jamais celui-ci n’a peut-être été aussi favorable à la Russie et les perspectives pour les prochaines décennies sont également à l’avantage de la Russie, non seulement vis-à-vis de l’Ukraine, mais plus largement vis-à-vis de l’ensemble des ex-républiques soviétiques européennes. Pourtant, il y a trente ans, à la suite de l’éclatement de l’URSS, la Russie, minée par une grave crise politique, économique et sociale interne, s’enfonçait dans une dépression démographique sans précédent en Europe depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Contre toute attente, ce pays a fait preuve, sur le plan démographique, de résilience depuis l’arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine en 1999. Et la démographie russe est aujourd’hui un atout géopolitique incontestable dans son environnement régional.