La littéracie: au-delà du mot, une notion qui ouvre un champ de recherches variées

Abstract

Cet article démontre l’intérêt que revêt l’usage du terme littéracie pour l’avancée de la recherche en didactique de l’écrit. Il expose les enjeux théoriques autour de ce terme : les principaux courants et les débats en cours. Enfin, à partir de l’examen de travaux récents, il met en lumière les déplacements que son usage a permis en matière de recherches didactiques. Il conclut à la nécessité de construire les concepts susceptibles de rendre compte de la littéracie, de ses formes d’usage et de ses modes de transmission dans les différentes sociétés.

De la littératie à la bilittératie chez les élèves bi/plurilingues au Québec

“…En effet, plusieurs auteurs (Barré-De Miniac, 2003a;Barré-De Miniac, Brissaud et Rispail, 2004;Jaffré, 2004;Rispail, 2011) s'accordent pour admettre que le concept de littératie, découlant du terme anglo-saxon literacy, a été proposé dans le dessein de nommer une réalité nouvelle au regard de la maîtrise de la langue écrite, autre que celle exprimée par le terme désuet « illettrisme », lequel a prévalu dans les débats théoriques et conceptuels qui ont eu cours en France durant les années 1980. Mais ce n'est qu'au début des années 2000 que l'on a vu apparaître le nouveau concept dans les travaux de recherche en didactique menés dans ce pays (Barré-De Miniac, 2015;Rispail, 2011).…”

“…Sur un autre plan, notons qu'aucune orthographe consensuelle n'apparaît dans les recherches francophones. Différentes graphies sont en effet adoptées dans les écrits scientifiques : « litéracie » (Giasson, Baillargeon, Pierre et Thériault, 1985;Jaffré, 2004), « littéracie » (Barré- De Miniac, 2003aRispail, 2011) et « littératie » (Raynal et Rieunier, 2014). Pour notre part, nous utilisons l'orthographe adoptée par l'Office québécois de la langue française et la banque de données terminologiques et linguistiques du gouvernement du Canada (TERMIUM Plus).…”

Une socialisation langagière paradoxale à l’école maternelle

“…Quand, où, comment, pourquoi ?) »(MEN, 2011, p 6-7) Pour désigner la « culture écrite »(Lahire, 1993), un terme d'origine anglosaxonne à l'acception polymorphe a désormais pris le pas dans la recherche francophone : la littéracie/tie(Barré-De Miniac, 2003 ;Privat et Kara, 2006 ;Fraenkel et Mbodj, 2010 ;Joigneaux, Laparra et Margolinas, 2012 ;Delcambre et Pollet, 2014). Une discussion oppose un courant issu des travaux de JackGoody (1979Goody ( , 1994 considérant les effets cognitifs et sociaux découlant du déploiement de l'écriture, dans leur portée générale, à un autre, issu des « New Literacy Studies »(Street, 1993 ;Fraenkel et Mbodj, 2010), appréhendant les pratiques contextualisées autour de l'écrit matérialisé, dans leur diversité.…”