Crise et métamorphose institutionnelles ouvrent inévitablement la question du deuil d’un objet en cours d’être perdu. Cet article explore cette question du deuil « en présence » en s’appuyant sur le travail du peintre F. Hodler. Hodler suit minutieusement la piste de la transformation lente, progressive et profonde de l’agonie de son amante, Valentine Godé-Darel. Il propose par son geste pictural une véritable métamorphose de sa relation avec elle, mais aussi celle d’un changement de nature et de structure du lien qui les relie. Dans le processus de deuil en présence se conjuguent retrait par touches de la libido, métamorphose de la représentation du lien en incarnation picturale, conjointement à la métamorphose du lien à l’objet en « un lien plus intime du moi avec le monde environnant » (Freud).