Au nord-est de l’Inde, chaque année au cours de la mousson, le fleuve Brahmapoutre entre en crue, inonde la plaine, dépose des limons fertiles, des sédiments sableux et creuse de nouveaux chenaux aux dépens de terres cultivées et de villages. Pour contrôler ces dynamiques, les autorités territoriales ont, à chaque époque, mis en place des aménagements fluviaux pour mettre en valeur les territoires et pour protéger les établissements humains. Pourtant, la gestion des inondations est remise en question. Les Misings ont longtemps vécu avec les crues, en pratiquant plusieurs types de riziculture qui s’adaptent à l’hétérogénéité des milieux de la plaine et en déplaçant leurs villages en suivant les divagations des chenaux du Brahmapoutre. Avec la mise en place des aménagements fluviaux, les villageois ont adapté leur mode de subsistance et leurs pratiques agricoles. Or, derrière les digues, les villages ne sont pas préparés à recevoir des inondations liées à la rupture des levées. De plus, les réglementations administratives des territoires limitent leurs possibilités de déplacement. Les habitants de la plaine perdent leurs terres et recherchent de nouveaux moyens de subsistance. La question de savoir si les aménagements fluviaux protègent les populations ou si, au contraire, ils produisent des risques auxquels les habitants de la plaine alluviale doivent s'adapter est explorée dans le cadre de cet article.