Considérant que la probabilité d’être puni varie d’un individu à l’autre, la théorie de la dissuasion doit être adaptée pour tenir compte à la fois des expériences délinquantes punies et impunies. L’omission de ce paramètre du modèle de décision peut amener des biais importants et une surestimation de l’échec au sein d’une carrière délinquante. Les études de prédiction de la récidive se basant uniquement sur les données pénales sont vulnérables à ce biais. Dans le cadre de cette étude, les données de délinquance autorévélée d’un échantillon de 199 détenus, mises en parallèle avec des données pénales, ont permis d’estimer la capacité individuelle d’évitement pénal. Lorsqu’on prend en considération cette disposition, les antécédents pénaux deviennent un indicateur des échecs auxquels les délinquants font face durant leur trajectoire délinquante plutôt que de la poursuite même de cette trajectoire, créant l’illusion de l’efficacité de sa prédiction par les antécédents pénaux. L’intensité des coûts pénaux antérieurs ainsi que les opportunités d’emploi conventionnel sont deux facteurs qui réduisent la probabilité de la poursuite de la carrière criminelle. Les bénéfices soutirés des activités criminelles augmentent cette probabilité.