Cet article porte sur la salsa portoricaine de New York (salsa dura). La première partie montre que si la salsa dura a pu faire l’objet d’une stratégie de l’authenticité par la performance, elle est également indissociable d’une certaine culture de l’enregistrement. La seconde partie de l’article fait la lumière sur quelques-uns des procédés de production sous-jacents à la performance live, ou « en direct ». Les analyses présentées sont basées sur une série d’entretiens réalisés entre janvier et juillet 2024 avec des musiciens, compositeurs, arrangeurs, producteurs et ingénieurs du son professionnels du domaine. Cette partie s’arrête plus particulièrement sur le cas de la chaîne YouTube Congahead, qui diffuse des sessions live de musiques latines depuis 2006. À travers le point de vue de l’ingénieur du son attitré de la chaîne, il s’agit de rendre compte des enjeux de captation liés au « miking », c’est-à-dire au choix et au placement des microphones. Le cas de Congahead montre que la salsa enregistrée en live ne s’oppose pas à la salsa enregistrée par couches séparées (re-recording), au sens où la première n’est pas moins « produite » ni plus « immédiate » que la seconde : son « authenticité » est tout aussi construite.