Les communautés intellectuelles africaines restent souvent méconnues dans le monde universitaire français. Le présent article se penche sur le cas du CODESRIA (Conseil pour la recherche en sciences sociales en Afrique) dont la connaissance demeure confinée aux cercles des « africanistes ». Une telle méconnaissance contraste avec la reconnaissance accordée, dans le Nord, à certains des travaux individuels des universitaires provenant du même espace géographique. Ces dynamiques contrastées de reconnaissance renvoient à la figure fantasmée de l'« intellectuel mondialisé » provenant du Sud et font l’impasse sur les communautés intellectuelles dans lesquelles s’inscrivent ou se sont inscrits à un moment donné la trajectoire des acteurs concernés. Appréhender les penseurs « africains » plutôt que les communautés intellectuelles dans lesquelles ils s’inscrivent ou ont évolué jette un voile pudique sur des débats initiés dans leurs communautés de provenance. Dans cette perspective, le présent article propose un aperçu d’une institution, le CODESRIA, acteur de cette communauté intellectuelle, et discute la manière dont la question de la décolonisation des savoirs y a été abordée, en prenant le cas de sa dernière assemblée générale.