« Le rayonnement de Versailles », dans l’Europe voire dans le monde, a longtemps été considéré comme acquis dans l’historiographie. Cette idée est étayée par les travaux des historiens, notamment français (Louis Réau, au premier chef), et relayée par plusieurs de leurs homologues à l’étranger, jusqu’au milieu, au moins, du xxe siècle. Elle participe à ériger Versailles en modèle pour les autres cours d’Europe et, ce faisant, contribue à sa mythification. L’enjeu de cet article est de revenir sur cette construction idéelle et scientifique : dans quelle mesure l’historiographie s’est-elle appuyée sur une idée fantasmée de Versailles et, inversement, comment a-t-elle contribué à l’entretenir ? Il s’agit également de restituer les évolutions de ce paradigme, en particulier ses remises en cause, afin de saisir comment les historiens l’ont progressivement disqualifié. Des premières critiques empiriques des années 1960-1970 à l’histoire des représentations, en passant par les transferts culturels et les Court Studies, retour sur plus d’un demi-siècle de réflexion scientifique pour mieux éclairer la recherche présente et à venir.