médecine/sciencesORAI1 en est fortement inhibé. Comme les auteurs savent que l'on ne déclenche pas de réponse Ca dans les lymphocytes en les dépolarisant, ils ont résolu le paradoxe de ces canaux Ca v 1.2 indépendants du voltage en supposant qu'ils sont dotés d'un autre mécanisme d'ouverture, encore non identifié. Un des résultats importants sur lesquels se fondent les auteurs réside dans l'effet des dihydropyridines (DHP), présentées comme des ligands spécifiques des canaux Ca dépendants du voltage de type L. Or, on sait que les DHP sont également des ligands des canaux Kv1.3 présents dans ces mêmes lymphocytes, qui possèdent donc des canaux potassiques au profil pharmacologique étrange et exceptionnel. Une DHP inhibitrice ne ferme pas seulement des canaux Ca v putatifs ; en fermant les canaux K v 1.3, elle dépolarise les lymphocytes et diminue ainsi l'influx de Ca à travers les canaux ORAI [2, 5, 6]. Ce phénomène est suffisamment notable pour que ces inhibiteurs de canaux K + soient envisagés comme des immunodépresseurs potentiels utilisables en clinique [6]. Le groupe de L. Pelletier a publié récemment que la réponse Ca déclen-chée dans des lymphocytes Th2 par un anticorps anti-CD3 était totalement abolie après transfection de ces cellules par des oligonucléotides antisens des canaux (Ca v 1.2 + Ca v 1.3) [7]. Cela signifierait que ces antisens ont également aboli la réponse Ca passant par les canaux ORAI, qui jouent un rôle majeur et indiscutable dans tous les lymphocytes. Un tel résultat est difficilement compatible avec l'idée que ces antisens seraient bien spécifiques de Ca v 1.2, sauf à supposer que Dans un article publié dans ce numéro (➜) [1], Lucette Pelletier et ses collègues défendent l'idée que les canaux calciques Ca v 1.2 dépendants du voltage contribueraient à l'influx de Ca dans les lymphocytes. Pour ces auteurs, cette contribution serait même majeure dans la sous-population lymphocytaire Th2 et pour les pathologies liées à ces cellules. Cette conclusion s'appuie sur un ensemble d'observations dont l'interprétation me paraît mériter une discussion approfondie. Dans leur membrane plasmique, les lymphocytes T possèdent des canaux calciques de la famille ORAI (comme ORAI1 et ORAI2, coexprimés dans les lymphocytes et dont les fonctions sont redondantes) qui peuvent être ouverts à la suite de leur interaction avec des agrégats de la molécule STIM1 présente dans la membrane du réticulum endoplasmique. L'agrégation de STIM1 est déclenchée par la déplétion en Ca du réticulum (par exemple après l'ouverture des canaux récepteurs à l'IP3) [2]. L'importance de ces canaux ORAI est telle que les patients dont les cellules T expriment un ORAI1 muté non fonctionnel souffrent de ce fait d'un déficit immunitaire combiné si sévère qu'il est rapidement létal [3]. Par ailleurs, les lymphocytes T expriment des canaux Ca dépendants du voltage (Ca v 1.2), comprenant en particulier un canal (sous-unité 1) et des protéines cytoplasmiques associées (sous-unités ). Dans les lymphocytes, ces canaux ne contribuent pas dir...