Une meilleure connaissance des campagnes romaines conduit aujourd’hui à prendre de la distance par rapport à la vision peu nuancée d’un monde rural exclusivement investi par un semis régulier de villae. Nombre de travaux démontrent que le phénomène est beaucoup plus complexe et témoignent d’une grande variété dans les modèles d’occupation du sol, avec des terroirs qui semblent propices à l’émergence de petites agglomérations paysannes, tandis que, dans d’autres, on perçoit le développement des villae de grande taille, en réponse à des contingences du milieu ou des exigences spécifiques. En association à la villa, la bibliographie signale des fermes, qui ont pour caractéristiques de posséder une assiette surfacique plus réduite, inférieure à 2,50 ha, et un niveau de raffinement et de confort plutôt modeste. Ces petits établissements, qu’ils soient ou non situés dans la sphère d’influence d’une grande villa, sont à présent mieux connus, mais aucune synthèse ne leur est à ce jour consacrée. Les recherches récentes, qui multiplient les découvertes à l’occasion de fouilles et de prospections, suggèrent l’existence de plusieurs formes différentes, dont une catégorie particulière de fermes souvent bipartites, à enclos quadrangulaire. À partir de la présentation détaillée du cas de la ferme de Roncourt, qui, par sa très bonne conservation constitue un exemple éclairant, cet article a pour ambition de montrer la diffusion et la standardisation de ce type de ferme dans certains secteurs du nord-est de la Gaule, en particulier dans la moyenne vallée de la Moselle.