Même si les équipages français et basques de pêche et de chasse à la baleine se rendaient au Labrador méridional depuis le début du XVIe siècle, la colonisation sous une forme plus permanente n’a pas commencé avant la fin du XVIIe et le début du XVIIIe siècles. Faisant figure d’excroissance des efforts coloniaux le long de la Basse-Côte-Nord du Québec, la colonisation du Labrador a été motivée par des intérêts canadiens et régie par les administrateurs coloniaux de Québec. Toutefois, le simple fait de posséder des territoires au Labrador ne signifiait pas la réussite de leur exploitation. L’analyse détaillée d’une concession allant de la baie Rouge (aujourd’hui Red Bay) à Saint-Modet montre à quel point la possession de terres au Labrador était précaire, que les difficultés aient été causées par des concurrents français ou par des attaques d’Inuit. Cet article utilise des données historiques, cartographiques et archéologiques pour discuter des moyens par lesquels les Français ont établi, disputé et utilisé leurs concessions, ainsi que de la manière dont les Inuit ont réagi à la fréquence croissante des intrusions françaises.Although French and Basque fishing and whaling crews had been coming to southern Labrador since the early sixteenth century, colonization in a more permanent form would not begin until the late 17th and early 18th centuries. Emerging as an outgrowth of similar colonial efforts along Quebec’s Lower North Shore, colonization of Labrador was driven by Canadian interests and administered by colonial officials in Québec. However, the simple possession of Labrador landscapes was not equivalent to their successful exploitation. Detailed study of one land grant in Red Bay-St. Modet demonstrates how tenuous the possession of lands in Labrador could be, whether challenges came from French rivals or from Inuit raids. This article uses historical, cartographic, and archaeological evidence to discuss how the French established, contested, and used Labrador land concessions, and explores how Inuit reacted to the increasing encroachments of the French