Sur un demi-siècle, l’industrie minière de l’uranium en France a produit une part importante du combustible nucléaire, notamment en Limousin. L’article analyse ses activités de démantèlement-délaissement, avec leurs enjeux et problèmes. Débutées dans les années 90, ces activités s’exercent de manière ambivalente : tendues entre les mondes minier et nucléaire. Leur réception sur le territoire, comme question environnementale, montre des périodes chaude et froide qui aboutissent à un démantèlement qui ne peut être que partiel. Deux parties structurent l’article. La première situe l’industrie dans sa production et son ancrage territorial à travers deux temporalités : celle du « temps béni de l’uranium » jusqu’au milieu des années 70, puis celle du « temps disputé du nucléaire » où l’on assiste à une montée en puissance industrielle, qui reconfigure la production et le territoire. La seconde partie se focalise sur les activités de fermeture, de démantèlement et de réaménagement. Face aux élus locaux et aux groupes associatifs qui tentent, chacun, de prendre en charge la question environnementale de l’après-mine, la COGEMA se transforme en entrepreneur environnemental tout en préemptant la mémoire industrielle. L’État, pour sa part, est contraint de saisir la nucléarité des restes. Des conflits ne cessent de ponctuer ce processus que les dispositifs de concertation n’arrivent pas à dépasser. Finalement la question environnementale se délite, due aussi bien à la faiblesse des acteurs face à l’exploitant qu’à l’impossibilité de trouver une solution satisfaisante. Le délaissement demeure dès lors indéfiniment partiel.