Phénomène musical et chorégraphique qui apparaît au début des années 2000 à Paris au sein de la diaspora ivoirienne, le coupé-décalé est rapidement « rapatrié » à Abidjan et avec lui le mode de vie hédoniste et ostentatoire qui lui est intimement relié. Résolument tourné vers la fête et le plaisir, le coupé-décalé se tient loin des crises politiques qui agitent alors le pays. Il s’érige également comme une musique virile au sein de laquelle le corps musclé et athlétique, le look, la voix et les textes mettent en avant les caractéristiques d’une masculinité centrée sur la force, le courage et le goût du risque. Dans ce contexte, le vidéoclip constitue un outil puissant pour la diffusion d’imaginaires genrés auprès de la jeunesse ivoirienne. À partir d’un corpus de vidéoclips et de données issues d’enquêtes de terrain, cet article examine la manière dont les vidéoclips de coupé-décalé mettent en circulation des imaginaires de la masculinité qui répondent tout autant à un désir de bousculer les normes locales que de s’inscrire dans des styles de vie ouverts sur le monde.