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Porteurs de nombreuses significations, les objets se présentent parfois comme des marqueurs de confrontations idéologiques. Une autre de leurs caractéristiques tient dans leur puissance théâtrale et décorative dans la mise-en-scène des catégories du genre. L’arrivée de l’AKP au pouvoir en 2002, sa mutation idéologique au cours des années 2000 et les multiples tentatives du président actuel d’être le porte-parole du monde musulman dans tout le Proche-Orient semblent avoir joué un rôle dans l’ouverture de l’espace public à la présence islamique, non seulement en Turquie mais également en Europe. Cette visibilité a contribué à définir les contours d’un Islam public valorisant de façon combinée l’individualisme et la contemporanéité face à la tradition. Avec son identité néo-libérale, l’AKP a « connecté » d’un côté les milieux islamo-conservateurs aux dynamiques globales et de l’autre, il a mobilisé ses positions anti-occidentales pour mettre en avant sa posture conservatrice et populiste. Ainsi, l’histoire de l’Islam public en Turquie peut-elle être aussi lue comme un positionnement systématiquement frontal avec la modernisation à l’occidentale. Le « moderne » du kémalisme est, dans ce contexte, flouté, voire estompé, derrière le « moderne » conservateur de l’AKP, toujours à la recherche de sa légitimité socio-culturelle. Moins visible que le sujet conservateur féminin, l’homme a également transformé son image lors de cette période de mutation, transformation toutefois dissimulée par les dynamiques masculinistes et cosmopolites de l’espace urbain turc. Il est devenu dépendant des objets culturels utilisés pour marquer et stabiliser son schéma corporel « conservateur ». Définie comme « fonction-clipse », cette tactique ne le « protège » pas seulement de l’image d’homme hyper-occidentalisé, mais le distingue également d’un Islam traditionnel en lui permettant d’exister en tant qu’acteur politique contemporain et différencié.
Porteurs de nombreuses significations, les objets se présentent parfois comme des marqueurs de confrontations idéologiques. Une autre de leurs caractéristiques tient dans leur puissance théâtrale et décorative dans la mise-en-scène des catégories du genre. L’arrivée de l’AKP au pouvoir en 2002, sa mutation idéologique au cours des années 2000 et les multiples tentatives du président actuel d’être le porte-parole du monde musulman dans tout le Proche-Orient semblent avoir joué un rôle dans l’ouverture de l’espace public à la présence islamique, non seulement en Turquie mais également en Europe. Cette visibilité a contribué à définir les contours d’un Islam public valorisant de façon combinée l’individualisme et la contemporanéité face à la tradition. Avec son identité néo-libérale, l’AKP a « connecté » d’un côté les milieux islamo-conservateurs aux dynamiques globales et de l’autre, il a mobilisé ses positions anti-occidentales pour mettre en avant sa posture conservatrice et populiste. Ainsi, l’histoire de l’Islam public en Turquie peut-elle être aussi lue comme un positionnement systématiquement frontal avec la modernisation à l’occidentale. Le « moderne » du kémalisme est, dans ce contexte, flouté, voire estompé, derrière le « moderne » conservateur de l’AKP, toujours à la recherche de sa légitimité socio-culturelle. Moins visible que le sujet conservateur féminin, l’homme a également transformé son image lors de cette période de mutation, transformation toutefois dissimulée par les dynamiques masculinistes et cosmopolites de l’espace urbain turc. Il est devenu dépendant des objets culturels utilisés pour marquer et stabiliser son schéma corporel « conservateur ». Définie comme « fonction-clipse », cette tactique ne le « protège » pas seulement de l’image d’homme hyper-occidentalisé, mais le distingue également d’un Islam traditionnel en lui permettant d’exister en tant qu’acteur politique contemporain et différencié.
Cet article s’intéresse aux enjeux familiaux, sociaux et institutionnels de la construction d’une forme d’« autonomie intime » par les jeunes femmes dans le contexte de la Turquie contemporaine. Dans cet article, l’« autonomie intime » renvoie à l’idée selon laquelle l’individu est défini comme « auteur de ses activités » dans sa vie privée et sexuelle. Les jeunes femmes célibataires, font souvent l’objet d’une double représentation : à la fois considérées comme de potentielles victimes sexuelles ou des corruptrices morales, elles sont soumises à une surveillance qui s’exerce au nom de la « protection ». La famille est la principale structure responsable de cette « protection », et l’espace domestique reproduit des mécanismes de contrôle visant à réguler le corps et la sexualité des jeunes femmes. Mais comment cela continue-t-il si les jeunes femmes s’éloignent de la zone de surveillance ? Le cas des étudiantes partant à Istanbul pour leurs études universitaires constitue un cadre pertinent pour l’étude de cette question. L’article fait l’hypothèse que cette mobilité, considérée au premier abord comme une échappatoire aux normes sexuelles en vigueur, ne signifie pas pour autant un voyage linéaire vers l’émancipation sexuelle. Les habitations estudiantines jouent ici un rôle important. Afin d’éclairer les relations existantes entre jeunes femmes, intimité, espace et structures de contrôle, l’article examine d’abord les rapports de pouvoir au sein de l’espace domestique et les marges de manœuvre dont disposent les jeunes femmes habitant chez leurs parents. Ensuite, le départ à Istanbul et les nouveaux espaces habités (les résidences étudiantes et les (co)locations) sont présentés. Ces logements, surveillés par les institutions et les résidents des quartiers où ils sont situés, prennent en charge le rôle de la famille patriarcale concernant la « protection » morale des femmes. J’appelle ces espaces des « espaces domestiqués » car visant la « domestication » d’une sexualité féminine redoutée en l’absence de contrôle familial, tout en étant des espaces façonnés par les subjectivités des jeunes femmes. La « domestication » patriarcale de la sexualité des femmes et des espaces privés ne veut pas dire une obéissance totale des jeunes femmes, les tactiques de contournement sont ainsi analysées. A travers des exemples tirés du terrain, j’illustre comment l’agentivité (agency) individuelle et la résistance quotidienne s’articulent avec le respect de la morale collective. Ces jeunes femmes participent ainsi de ce processus de domestication patriarcale tout en le contournant. Enfin, la non-linéarité de l’émancipation sexuelle, le passage à l’âge adulte et l’évolution des rapports de genre et intergénérationnels sont étudiés à travers le suivi des allers-retours des jeunes femmes entre espaces domestiques et domestiqués. L’article conclut que les règles de ces espaces n’empêchent pas les femmes de rechercher les voies conduisant à l’émancipation sexuelle, et qu’elles construisent leur individualité et leur accès à la sexualité au carrefour de normes sexuelles et d’attentes morales différentes. Une autre conclusion importante est faite sur l’évolution des structures de pouvoir, notamment au sein du logement parental où les relations familiales sont marquées à la fois par le conflit, la divergence, le compromis, la négociation, la solidarité et l’affection. À cet égard, l’article prend en compte le caractère mouvant des relations et des espaces. Cet article utilise des données obtenues dans le cadre d’une recherche en master à l’EHESS. Il s’appuie sur une enquête sociologique menée entre 2018 et 2020 auprès de jeunes femmes installées à Istanbul sans leurs proches. Ces jeunes femmes – âgées entre 20 et 25 ans, étudiantes ou récemment diplômées – avaient intégré des universités publiques ou privées d’Istanbul et habité dans les résidences étudiantes et en (co)locations. L’enquête de terrain a consisté à mener des entretiens individuels semi-directifs regroupant des questions sur le départ du domicile familial et l’installation à Istanbul, l’évolution des rapports familiaux suivant la mobilité géographique et la construction de l’autonomie intime dans une recherche de liberté sexuelle. Les entretiens effectués ont été accompagnés par une ethnographie de terrain consistant à faire des observations et des conversations informelles dans des lieux de socialisation estudiantine, parmi lesquels des campus d’universités, cafés, bars et boîtes de nuit.
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