Le décryptage figuratif des noms propres soulève le problème de leur interprétation métonymique et/ou métaphorique. La littérature sur le sujet distingue entre les « métonymies quantitatives » et les « métonymies qualitatives », et tend, généralement, à placer les noms propres métaphoriques sous les « métonymies qualitatives ». Les noms propres figuratifs sont, pour ainsi dire, basiquement métonymiques encore qu'ils soient en emploi métaphorique ou en antonomase. Il s'ensuit un certain flottement qui s'alimente, somme toute, de deux postulats aristotéliciens : d'une part, le postulat selon lequel la métonymie et la métaphore sont inconciliables en ce qu'elles s'excluent réciproquement, et d'autre part, le postulat qu'elles sont une affaire de langage, c'est-à-dire des « figures de style » ou « tropes », plutôt qu'une affaire de pensée. L'objectif de cette étude est de tenter d'élucider ce flottement à travers l'examen de quelques constructions qui jouissent d'une certaine régularité en français, en l'occurrence, 'Il y du Np chez X', 'Ça, c'est bien du Np', 'X fait du Np' et 'X est un Np'. On avancera l'hypothèse, conformément au modèle de la métaphore inclusive (Glucksberg & Keysar, 1990, entre autres), que ces constructions livrent le même type d'interprétation des noms propres, pour autant qu'elles reposent sur le même mécanisme cognitif. Ce mécanisme consiste en une structure conceptuelle complexe, une métaphtonymie -pour reprendre le terme de Goossens, (1990) -, qui est la résultante de l'interaction entre métonymie et métaphore.
Mots-clés: nom propre ; métonymie ; métaphore ; massif ; comptable.Abstract. Proper names on qualitative use: from metonymy to metaphtonymy. Decoding the figurative status of proper names raises a serious problem relative to their metonymic and/or metaphoric interpretations. The literature on the subject distinguishes between "quantitative metonymies" and "qualitative metonymies", and tends, at large, to consider metaphoric proper names as "qualitative metonymies". Thus, even on their metaphoric or antonomasic use, proper names are taken to be metonymic in character. Such a loose view follows from two main theses which can be traced back to Aristotle. On the one hand, metonymy and metaphor are irreconcilable in that they exclude each other. On the other hand, they are what the rhetoric calls "tropes", which means that they are a matter of language rather than a matter of thought. The aim of this study is to attempt to set a limit on the loose interpretations of * El Mustapha Lemghari : e.lemghari@uca.ma