La personnalisation des services sociaux propose une approche de plus en plus valorisée dans les pratiques. Elle vise à offrir plus de choix et de contrôle aux personnes en misant sur leurs forces pour coproduire l’intervention. Pour accompagner le changement de culture qu’exige ce type d’approche, un outil d’intervention informatisé et interactif a été développé, nommé Baromètre. Comment une technologie numérique comme Baromètre peut-elle agir comme condition sociotechnique contribuant au changement de culture? Nous avons réalisé une recherche qualitative utilisant une stratégie d’étude de cas multiples. Quatre milieux de pratique nous ont servi d’observatoires : deux organismes communautaires en santé mentale, un département de psychiatrie et un centre de formation pour adultes. Trois types de collecte de données ont été utilisés : des entretiens individuels semi-directifs auprès des usagers, des entretiens d’explicitation de la pratique auprès d’intervenants pour produire des histoires d’utilisation, des entretiens de groupe auprès d’usagers et d’intervenants. Nous avons analysé les données au moyen d’un modèle des forces croisant quatre modes opératoires d’expérimentation : généraliste, expansionniste, particulariste et déliquescent. L’analyse permet d’observer une tendance à la déliquescence des expérimentations-pilotes. Or, la déliquescence n’est pas causée par la technologie en elle-même, mais par les conditions contextuelles des expérimentations.