“…Faut-il laisser l'instruction des membres des classes laborieuses aux mains des philanthropes, des religieux ou des pouvoirs publics ou bien instaurer un système autonome d'éducation du peuple par et pour le peuple (Duveau, 1948) ? La défiance envers une école -qu'elle soit confessionnelle, communale ou étatique -jugée tantôt oppressive, abêtissante (Laot, 2018), normalisatrice, voire ennemie de classe (Hamelin, 2011a ;Brucy, 2001) génère nombre de projets d'auto-éducation ou d'éducation par les pairs au sein de collectifs divers (associations fraternelles, sociétés mutuelles, comités de quartier, bourses du travail, syndicats, partis politiques, internationales, mouvements de jeunesse, centres d'éducation ouvrière…), ou des écrits et une presse dédiés. Commune à ces expériences, l'idée qu'une éducation qui rend lucide sur la place socialement assignée, ou qui enseigne la « science de son malheur » selon le mot de Fernand Pelloutier (Hamelin, 2018 ;Lenoir, 1999) ne pourrait que convaincre de la nécessité d'agir pour changer l'ordre des choses : l'affranchissement des classes laborieuses ou d'autres 9…”