Le cinéma, depuis son aube, se soucie du corps. Les coïncidences des dates des inventions photographiques -précurseures du dispositif cinématographique en tant que technique de synthèse du mouvement -, d'un côté, scientifique, et plus précisément, médical, d'un autre côté, en sont évocatrices, pour seul exemple l'année 1895 qui marque la découverte des rayons X par Wilhelm Röntgen et l'invention du Cinématographe par les frères Lumière ; les interactions entre les deux disciplines, telle l'intégration d'un atelier de photographie à La Salpêtrière, le sont encore plus. Puis, le cinéma s'est construit un langage technique fondé sur la relation entre le corps et le cadre de l'image : plan rapproché poitrine, plan américain, plan italien, etc.Il ne serait non plus faux de croire que le cinéma se soucie du corps du spectateur, plus particulièrement, et ainsi de la relation entre le cadre -limites physiques de l'image et, par conséquent, de l'écran -et le hors-cadre auquel participe le corps-spectateur. L'histoire du cinéma dénombre de nombreuses tentatives de briser, sinon de dépasser, le cadre de l'image. Ainsi, pour ne citer que quelques exemples, les regards adressés, voire les paroles adressées des personnages de Godard comme Ferdinand dans Pierrot le fou, de 1965, qui, conduisant et commentant les paroles de sa compagne Marianne, se retourne et s'adresse aux spectateurs :Voyez, elle ne pense qu'à rigoler ! À qui tu parles ? Aux spectateurs !, répond-il