Depuis les travaux de Daniel Gaxie (1978), on considère que la démocratie représentative se heurte à un « cens caché » qui conduit une majorité de citoyens à s'abstenir de toute participation politique effective alors même que rien, en droit, ne les empêche de participer. Suite au développement de procédures participatives, plusieurs auteurs ont montré que ce « cens caché » valait aussi en matière de démocratie participative ou délibérative. L'enjeu de cet article est de s'interroger sur l'effectivité de ces mécanismes d'autocensure lorsque l'on étudie la participation des citoyens non plus dans le cadre de procédures politiques institutionnalisées, mais dans le cadre de processus de recherche, à un moment où les institutions demandent de plus en plus souvent aux chercheurs d'ouvrir leurs équipes à des représentants de la société civile. Il s'agit dès lors, en s'appuyant d'une part sur une étude quantitative menée sur les 9 297 projets de recherche du PCRD7 et, d'autre part, sur une étude qualitative de quinze projets collaboratifs en matière d'environnement, de montrer que la participation, en l'espèce, se heurte à un double cens caché participatif : du fait de la sélection parmi les citoyens et les organisations de la société civile qui participent, mais aussi en raison des modalités de cette participation et de ses effets sur le fonctionnement des projets de recherche euxmêmes.