Ce chapitre a pour objet les implications d’une formation de sauvetage de masse, construite dans et pour l’urgence, destinée à près de 300 personnels dont le sauvetage n’était à l’origine pas le métier, et pour un nombre croissant de personnes migrantes à secourir. A partir du système d’activité d’Engeström, nous analysons les traces d’activité émanant de la formation, le contenu du carnet de terrain résultant d’observations participantes dans plusieurs formations, et les échanges (in)formels avec le formateur. Les résultats montrent de multiples tensions à tous les niveaux du système d’activité. L’incorporation des savoirs construits en formation est rendue difficile par l’omniprésence de savoirs non-dits et non-dicibles, relatifs au contexte de vie et de mort dans lequel les formés doivent travailler. En conclusion, la notion d’extrémophilie est discutée, considérée comme une « vue de l’esprit », qui oriente les manières de penser et d’agir des formateurs et des formés.