“…Universités, mobilisations et contre-mobilisations Abdellali Hajjat, Amandine Lauro et Sasha Newell 1 Depuis la fin des années 1990, la question postcoloniale s'est imposée dans l'espace public belge, suscitant des controverses entre journalistes, historiens, acteurs politiques et artistiques belges et internationaux. Au regard d'autres expériences européennes, la Belgique n'est pas seulement venue tardivement au colonialisme, elle est aussi venue tardivement à la reconnaissance postcoloniale de cette histoire et des responsabilités qu'elle implique (Stanard, 2010 ;Verbeeck, 2019). Si l'intensification récente des mobilisations politiques et associatives autour du passé colonial et de ses héritages se joue à l'échelle globale, entraînant des circulations inédites d'idées et de formes d'activisme politique, leurs déclinaisons dans le contexte belge ne peuvent être saisies qu'à l'aune, d'une part, des silences historiques qui ont longtemps entouré le passé colonial de ce pays et, d'autre part, de l'émergence d'une nouvelle génération d'acteurs qui interrogent cette histoire et ses vestiges selon des modes et en des termes inédits (Goddeeris, 2015 ;Monaville, 2015 ;Demart, et 2017de Jong et al, 2017 ;Stanard, 2019).…”