Les associations face à la participation institutionnalisée : les ressorts d'une adhésion distanciée

Abstract

Résumé L’article analyse comment les associations envisagent et utilisent l’espace public institutionnalisé tel qu’il s’est développé ces dernières années à Bordeaux. Il explicite les menaces que cet espace fait peser sur la capacité d’action des acteurs sociaux urbains, qui font montre d’une adhésion distanciée à l’égard de tout dispositif participatif. Il examine les fondements de l’engagement associatif sur la scène institutionnalisée, avant de montrer comment, face aux contraintes, les logiques d’action associatives diffèrent, allant du boycott à l’instrumentalisation. Sans modifier leurs répertoires d’action traditionnels, mais en articulant participation et action collective, les associations trouvent un entre-deux propre à régénérer la démocratie locale.

The Struggle for a Voice: Tensions between Associations and Citizens in Participatory Budgeting

“…It also shows a conflict around the way political decision making can be legitimated. This conflict in PB has hardly been pointed out previously (Abers, ; Baiocchi et al ., ), but Hendriks () and Rui and Villechaise‐Dupont () have demonstrated it in relation to the experience of other new participatory devices based on deliberative practices in Australia and in France. The present study fits in with the lines of research opened up by those mentioned above.…”

“…Who speaks on behalf of the citizens? While the new theories of administration show that different forms of management with participatory mechanisms make it easier for citizens to get involved (Evans, ), users of the traditional channels of participation protest and, in some cases, question their development (Hendriks, ; Rui and Villechaise‐Dupont, ). This friction illustrates the difficulties faced when attempting to broaden the space of political inclusion, even in a context where that broadening is based on deliberative principles, such as the development of participatory budgeting (Baiocchi et al ., ).…”

Un contre-pouvoir financé par l’État ? Les tables de quartier, une expérimentation à mi-chemin entre dispositif institutionnel et mouvement social

“…Les tables de quartier, en France, sont une dynamique participative originale dans sa façon d'intégrer des associations au coeur de son projet, loin des dispositifs institutionnels qui bien souvent les évitent ou les instrumentalisent (Rui et al, 2006). Ici, la FCSF et PSN, deux coordinations associatives, se retrouvent au pilotage, l'État n'intervenant que comme financeur.…”

“…Leur activité est vue comme une condition de démocratisation des processus de concertation (Fung, Wright, 2005 ;Blondiaux, 2008). Cette évolution concerne par ailleurs d'autres acteurs, privés ou semi-publics, tels que des associations du social, de l'éducation ou encore de la culture (Barthélémy, 2000 ;Rudolf, 2003 ;Rui, Villechaise-Dupont, 2006) et qui interviennent dans la production et l'animation de dispositifs participatifs 2 . Les prendre en considération permet de sortir d'une [1] Marie-Hélène Bacqué, Mohammed Mechmache, Pour une réforme radicale de la politique de la ville, rapport remis à François Lamy, ministre délégué chargé de la Ville, en juillet 2013.…”

Aménager la cité : conflit et négociation pour la création de jardins citoyens à Bordeaux et à Québec

“…Ces acteurs connaissent les rouages du système municipal, les démarches à suivre et les responsables administratifs qu'il faut contacter ou sonder ; ils permettent également que les revendications du groupe soient formalisées et mieux édictées. De manière générale, les acteurs associatifs perçoivent, plus que les habitants, la participation institutionnalisée comme une tentative de manipulation par les politiques pour minorer la parole des citoyens ordinaires (Rui et Villechaise, 2006), et élaborent des stratégies pour s'en prémunir.…”