D. Smith et al. (2018) ont récemment proposé d’appliquer au contexte britannique le concept de « wilderness gentrification » (Darling, 2005), appelant les chercheurs à poursuivre les recherches empiriques sur ce sujet. Cet article entend précisément répondre à cet appel. En s’appuyant sur un travail de terrain réalisé dans le parc national de Dartmoor de 2016 à 2018, il s’agira tout d’abord d’analyser la pertinence du concept de wilderness gentrification dans les parcs nationaux anglais. Les entretiens semi-directifs réalisés auprès des nouveaux habitants installés dans le parc national ont permis de corroborer l’hypothèse d’une wilderness gentrification à travers l’analyse des représentations qui justifient leurs stratégies résidentielles. S’il s’agit bien de la quête d’une wilderness à l’anglaise qui a poussé ces nouveaux habitants à venir s’installer dans les espaces étudiés, la mise en pratique de ces représentations se traduit par le développement d’initiatives de ré-ensauvagement qui s’inscrivent dans le mouvement du rewilding. Incarnant une nouvelle vision de la gestion de la nature dans les parcs nationaux anglais, ces pratiques individuelles et collectives, varient selon les échelles et les espaces (Taylor, 2005; Lorimer et al., 2015; Sandom et Wynne-Jones, 2019). Si ces nouvelles pratiques tendent à cristalliser des tensions, notamment entre les propriétaires des communs à Dartmoor, elles impulsent des réflexions nouvelles relatives à la manière d’intégrer ce nouveau mode de gestion pour le parc national.