La coercition reproductive fait référence aux comportements de contrôle et de force infligés afin d'orienter la trajectoire reproductive des femmes. Les conséquences inhérentes sont multiples : grossesses inopportunes, recours accentué aux contraceptifs d’urgence et avortements, dépression.... Malgré ces effets importants, les femmes qui en sont victimes éprouvent souvent de la difficulté à reconnaitre leur expérience comme telle, ce qui contribue à limiter leur recherche de soutien. À travers la théorie du parcours de vie, cette analyse qualitative réalisée auprès de 13 femmes ayant vécu de la coercition reproductive présente comment la reconnaissance d'une telle expérience se déploie à l'intersection de diverses trajectoires de vie. Nos résultats suggèrent que le processus de reconnaissance est intrinsèquement paradoxal, et revêt un caractère à la fois subjectif, intersubjectif, sociohistorique et évolutif. Contrastant nos résultats avec la reconnaissance honnéthienne, des pistes critiques sont formulées en ce qui concerne notamment le déficit de ressources herméneutiques.