La sphère dite « indépendante » de création de jeux vidéo connaît un élargissement constant depuis plusieurs années. À partir d’une enquête sur les trajectoires des travailleuses et travailleurs de jeux vidéo, nous montrons la multiplicité des modes de faire et la diversité des motifs du recours aux formes alternatives au travail dans les grands studios (freelance, auto-entrepreneuriat, micro-entreprise, etc.). Notre analyse nous amène à interroger ce phénomène dans la perspective d’une forme de « domestication » du travail, qui s’appuie sur une infrastructure technique, informationnelle et sociale. Nous soulignons notamment comment ces statuts souvent rassemblés sous une même étiquette d’« indépendant » se présentent comme des étapes dans des carrières plus longues, rendues possibles par la porosité des milieux qui constituent l’industrie du jeu vidéo en France. Enfin, nous montrons les appuis et ressources que ces travailleuses et travailleurs de jeux vidéo peuvent mobiliser, entre ancrage local et inscription dans des marchés globalisés.