Le notaire a constitué un personnage romanesque croqué par Balzac, Eugène Sue et Daumier, représenté tantôt en bourgeois, âpre au grain, tantôt comme un personnage doté à la fois d'une grande probité et d'un « art divinatoire » quasi-magique, à l'instar de Maître Mathias, dans La Comédie humaine, « noble et respectable débris de ces notaires, grands hommes obscurs, qui ne donnaient pas de reçu en acceptant des millions, mais les rendaient dans les mêmes sacs, ficelés de la même ficelle » (Balzac, 1837, 559). Les représentations contemporaines, artistiques, théâtrales, romanesques, cinématographiques (Millier, 2000), confirment le caractère énigmatique d'un professionnel le plus souvent assimilé à un bourgeois et un notable doté d'une forte assise sociale et d'une confortable aisance économique. Les campagnes de communication diligentées ces dernières années par le Conseil supérieur du notariat (CSN) témoignent pour leur part d'une volonté de dépoussiérer l'image de la profession 1 . Toutes ces représentations produites par différentes « communautés interprétatives » (Becker, 2009), sont sans doute révélatrices du rôle social, de la place dans la société, du prestige (cf. Bercot, Mathieu Fritz, 2008) mais également du caractère hybride de ces officiers publics et ministériels exerçant des missions de service public d'authentificateurs d'actes sous statut libéral. 2 Que nous disent-elles réellement des notaires et de leurs activités ? Mais aussi de leurs évolutions ? Car la profession s'est diversifiée avec l'ouverture de ses voies d'accès : possibilité de s'associer depuis 1967, d'exercer comme salarié depuis 1993, ou comme entrepreneur créateur de son office, particulièrement depuis la loi croissance de 2015 La quête des apparences : l'habit fait-il le notaire ? La mise en image d'un ... Images du travail, travail des images, 13 | 2022