Les jardins familiaux sont à la fois des espaces où l’expression de la biodiversité est fortement limitée par les pratiques horticoles, et des espaces d’intérêt pour les continuités écologiques urbaines et pour l’éducation à l’environnement. Dans la gestion de la parcelle, les jardiniers se trouvent sous l’influence de deux normes contradictoires : le modèle esthétique du « beau » jardin, contrôlé et voué à la production alimentaire, et l’injonction à la production d’aliments sains, entendus comme exempts de pesticides. Dans ce contexte, l’objectif de cet article est d’explorer la diversité horticole des jardins familiaux, entendue comme la diversité des productions (l’agro-diversité), et la diversité des pratiques horticoles mises en œuvre par les jardiniers, et d’en analyser les déterminants socio-démographiques. À travers 150 entretiens directifs conduits dans 35 jardins familiaux des agglomérations de Tours et d’Orléans, nous mettons en évidence (i) la gamme des variétés cultivées, et soulignons sa dimension ornementale, (ii) la diversification des pratiques horticoles, en particulier dans la protection des cultures et le désherbage, autour de quelques pratiques très majoritaires. Nos résultats montrent aussi l’influence du milieu social du jardinier sur les pratiques horticoles adoptées, et l’influence du genre du jardinier, sa situation résidentielle, et son origine géoculturelle, sur l’agro-diversité. Si cette dernière connait une polarisation sociale entre jardiniers d’un milieu social plus aisé, qui la favorisent, et jardiniers d’un milieu social plus pauvre, qui la limitent, ceci n’est pas observé pour l’utilisation des pesticides, qui n’est pas spécifique à un milieu social. Enfin, nos résultats suggèrent la présence, dans les jardins familiaux, de plusieurs populations de jardiniers, porteuses de différents modèles de jardinage.