Comme dans d'autres capitales africaines, les données des enquêtes démographiques indiquent une augmentation du célibat tardif féminin à Lomé, au Togo. Cet article analyse, à l’aide de données qualitatives collectées entre 2011 et 2019 à Lomé, les situations sociales de femmes qui approchent, ont ou dépassent la trentaine et qui n'ont jamais été mariées. Il montre qu’une catégorie de femmes, urbaines, souvent diplômées du supérieur et/ou indépendantes économiquement, se marient de plus en plus tardivement, car elles aspirent à d’autres formes de réalisation sociale avant et en plus du mariage, dans un contexte où la compatibilité du mariage et du travail reste difficile à plusieurs niveaux. Celles qui ne veulent pas se marier et l’assument sont rares : la plupart des femmes aspirent au mariage ou se résolvent à le faire pour se garantir une forme de tranquillité sociale. En plus de la hausse de la scolarisation, c’est bien la volonté d’autonomie – entre autres financière – dans un contexte social où les conditions de vie et d’emploi des hommes se détériorent, qui complexifie l’entrée en union de femmes dont l’indépendance déstabilise les normes de genre.