“…Ce discours enchanté entre d'ailleurs en résonance avec le redéploiement contemporain de la philosophie gestionnaire (Boltanski et Chiapello, 1999) autour d'une critique des organisations bureaucratiques et autoritaires, et de tout ce qui, au sein des organisations (prescriptions a priori, diverses formes de contrôle et surveillance, séparation entre la conception et l'exécution, notamment), est de nature à entraver l'autonomie, l'initiative et la créativité individuelles. Ce redéploiement, qui prend son essor dans les années 1970, a connu diverses métamorphoses et emprunté différentes voies : institution de formes de quasi-autogestion pour son versant le plus expérimental; technologies participatives dans les années 1980 notamment, management par les compétences plus tard, ou plus près de nous la dernière vague managériale en date, encore en cours d'ailleurs, articulée autour de l'entreprise libérée et ses « doubles » (Mélo, 2019). Au terme de ce récit, la direction des entreprises et des administrations par l'autonomie et la responsabilisation individuelles serait appelée à se substituer à l'emprise hiérarchique typique des organisations antérieures, comme si autonomie et hiérarchie au travail étaient par essence antinomiques.…”