A travers un travail comparatif, dans cet article il s'agit de circonscrire les formes de contestation auxquelles recourait la génération des militants et des opposants au régime de Ben Ali, dans les années 1990, en comparant les moyens et les discours qu'ils développaient à cette époque à ceux qu'avaient commencé à déployer des jeunes à partir de l'année 2000 avec l'émergence d'une nouvelle figure de la contestation : la cyberdissidence. La thèse de la polarisation oppositionnelle de type binaire, voire manichéenne, pour distinguer ces deux générations de militants ne nous semble pas judicieuse. Bien que nous ayons affaire à deux profils de générations de militants, disposant chacun, des moyens et des opportunités spécifiques en relation au " contexte " et à la " situation " du moment, nous montrerons que plutôt qu'un effet générationnel, c'est une mutation des formes d'expression et de manifestations dans la mobilisation qu'on observe : nous sommes 1 Cet article s'inscrit dans le cadre des résultats du projet de recherche: "Jeunesses, changement social, politique et sociétés en réseaux en Méditerranée: le cas des pays du Maghreb", financé par le Secrétariat d'État à la Recherche, le développement et l'innovation du Ministère espagnol de l'Économie et de la compétitivité (CSO2011--29438--C05--04).L. Chouikha: "Effets générationnels" et contestation politique… 58 passés des formes de mobilisation collectives, traditionnelles, à des formes plus diffuses, voire plus individualisées.