En 1966, l’Union nationale (UN) se fait élire en s’engageant à ralentir, sinon à renverser le rythme des réformes initiées par le gouvernement libéral de Jean Lesage. Création récente de la Révolution tranquille, le Conseil supérieur de l’éducation (CSE) s’inquiète du changement de garde politique. En se penchant sur la période de 1966 à 1970, le présent article montre que ces années s’avèrent finalement davantage faites de continuité que de rupture pour le CSE. À l’interne, l’analyse des procès-verbaux des réunions de l’organisme permet de dégager un souci constant des membres, malgré l’expression de points de discorde, de se situer dans la droite ligne du Rapport Parent. À l’externe, la revue des commentaires des milieux conservateurs—nationalistes et religieux—met au jour une certaine consternation devant le refus du ministère de l’Éducation de réorienter l’action du CSE, après la prise du pouvoir par l’UN. La volonté du CSE de se situer au-dessus des querelles partisanes afin d’offrir une expertise rigoureuse au service de l’État désamorce maintes critiques, tout en assurant au nouvel organisme une forte crédibilité auprès des décideurs publics, lesquels accorderont au CSE des ressources de plus en plus importantes.