Cet article examine l’impact des programmes de réintégration sur la citoyenneté au Nigéria et au Mali — programmes qui font partie des mesures européennes visant à prévenir les départs. Tandis que les campagnes « de sensibilisation » font des « retournés » des « migrants messagers », nous interrogeons l’expérience que les « retournés » ont de leur nouveau statut social et nous demandons comment celles et ceux qui ne sont jamais partis les perçoivent. L’article répond à ces interrogations sur la base d’observations croisées auprès de « retournés » et d’autres citoyens à Benin City (Nigéria) et à Bamako (Mali). Il suggère que les programmes de réintégration favorisent de nouvelles hiérarchies sociales ainsi que l’émergence de rapports privilégiés entre les « retournés » et l’État. Ces programmes induisent également une invisibilisation des droits civils et socioéconomiques. En conclusion, nous plaidons en faveur d’une prise en compte conjointe des « retournés » et des autres citoyens dans l’analyse de l’utilisation de l’aide au développement pour des programmes de réintégration.