Description du sujet. Les parcs agroforestiers de l’Afrique sub-humide connaissent des variations régionales de composition et de densité qui pourraient être liées à des facteurs naturels et aux savoirs et objectifs de leurs gestionnaires quant aux bénéfices et inconvénients des arbres. Objectifs. Afin de vérifier cette dernière l’hypothèse, nous avons utilisé le cadre d’analyse des services et desservices écosystémiques (SE/DSE) en partant du point de vue des familles paysannes qui gèrent les parcs. Méthode. Sur un transect sociétal en zone sud soudanienne du Burkina Faso, dans une zone au milieu suffisamment homogène, six villages divisés en deux groupes (Ouest, Est) selon des critères sociétaux ont fait l’objet de 67 entretiens auprès de familles exploitantes de champs inventoriés par ailleurs. Les enquêteurs ont employé des équivalents de l’idée de bénéfice ou avantage des arbres pour les cultures et l’élevage, et vice versa, dans les langues locales. La fréquence de citation d’un SE/DSE constitue un indicateur d’importance de ce dernier pour une population. Les SE/DSE reconnus par une majorité sont qualifiés « essentiels ». Résultats. Avec huit SE importants pour seulement deux DSE, les avantages mutuels perçus entre composantes de l’association arbres-cultures-élevage dominent. Les SE des arbres aux cultures et au bétail et les SE inverses sont presque aussi nombreux, créant une synergie. À l’Est du transect (parc dense et diversifié sur cultures manuelles de sorgho), l’ensemble constitué de cette synergie, des cinq SE essentiels (fertilité du sol, alimentation bétail – feuilles et fruits –, ombrage du bétail, fertilisation de l’arbre par bétail) et des SE directs (approvisionnement en bois et fruits), est interprétable comme une nécessité perçue d’un peuplement arboré dense et varié, plus qu’un simple bénéfice. Dans l’Ouest en revanche (parc peu dense et pauvre en espèces sur cultures intensives mécanisées), il est perçu un DSE essentiel des arbres (ombrage et gêne des cultures), aussi le parc est pensé comme moins nécessaire et réduit à son minimum pour la seule production lucrative de karité. Conclusions. Ces faisceaux de relations perçues qui dépendent des systèmes de culture et d’élevage menés sont donc à la base de l’arbitrage de densité et de composition. À l’Ouest, la réhabilitation du parc serait facilitée par des appuis et incitations provenant des filières coton et karité, responsables de l’appauvrissement du parc, pour y compenser l’arbitrage défavorable. Cette réhabilitation aurait pour but de rendre des SE spécifiques à la fois locaux (régénération du karité, fourrages, santé du sol) et globaux (biodiversité, carbone).