Les relations entre centre et périphérie en Chine, dans le sens d’une distinction entre centres urbains et zones rurales, ont rencontré de profondes mutations depuis une vingtaine d’années, alors que se perpétue une situation hiérarchique en faveur des villes. Les territoires ruraux chinois ont généralement subi ce système, ces espaces en marge des centres urbains restant perçus comme des territoires de relégation. À la fin des années 1990, la stratégie de développement des autorités est réorientée. Les villes nouvelles issues des programmes d’urbanisme de cette période attirent les élites urbaines dont le regard sur les périphéries a complètement changé. Toutefois, bien que localisés en périphérie, ces espaces sont loin de représenter un changement du regard sur la campagne. Entre les centres-villes et les zones rurales, les villes nouvelles apparaissent ainsi comme des espaces hybrides. Plutôt que d’opérer un brouillage des frontières entre mondes urbain et rural, et entre les catégories sociales de la population chinoise contemporaine, semblent au contraire se révéler ici des processus de ségrégation et d’accroissement des inégalités économiques et sociales qui frappent le pays, et ceci malgré les politiques récentes du chef de l’Etat appelant à une « prospérité partagée ».