Trois termes, mythe, histoire et fiction, doivent être mis en relation à propos de la seconde sophistique et particulièrement à propos de Lucien 1 pour plusieurs raisons développées par Michel Briand 2 : Lucien joue avec ironie, sur lui-même en tant qu'orateur et personnage, et sur les autres auteurs ; « […] chaque texte renvoie à d'autres de genre différent (avant-propos, prolalia, récit fantastique, traité de méta-histoire, auto-fiction » ; on trouve plusieurs cas où tel texte est repris et comme corrigé par une sorte d'épilogue : Portraits et Défense des portraits, le Pêcheur corrigeant Philosophes à vendre (Vitarum auctio). […] le lexique grec relatif à ces notions, non fixé en théorie, autorise les jeux du double-entendre. Michel Briand conclut : « Le ψεῦδος peut relever du mensonge ou de la fiction, en tant que feintise et le μῦθος peut concerner une tradition autorisée, qui reste à discuter, à prouver, à apprécier et interpréter, comme un monde possible momentané, issu d'une performance. Chez Lucien, mythe, histoire et fiction (en tant qu'auto/méta/trans-fiction) collaborent à la construction d'une vérité qui n'existe que mise en discours et en scène, suivant ses trois modalités pragmatiques associées au sein d'une même parole, qui tire de cette polyphonie sa cohérence même » (BRIAND, 2010 : 236-237). Ainsi, les questions d'intertextualité interne et externe sont-elles incontournables pour comprendre Lucien 3. Il est considéré comme l'un des nobles représentants de la dite seconde sophistique dont bien des caractéristiques étudiées par la critique peuvent lui être attribuées 4 .