RésuméCette étude examine l'impact des occurrences successives d'un personnage sur les paramètres temporels de la production écrite des élèves de 8 à 11 ans. Cinquante-quatre élèves, (16 élèves de CE2 -8 ans, 18 élèves de CM1 -9 ans et 20 élèves de CM2 -10 ans), ont rédigé un texte narratif sur une tablette graphique reliée à un dispositif (Eye and Pen) permettant d'enregistrer leur activité en temps réel. La tâche des élèves était de raconter, sous deux conditions de présentation (deux vs. quatre occurrences du personnage), l'histoire dépeinte par une planche de BD composée de cinq vignettes. Les paramètres temporels (pauses de préécriture, de consultation, d'écriture et temps d'écriture, etc.), correspondant à différentes composantes de l'activité d'écriture, ont été relevés, puis analysés. Les ANOVA ont révélé des différences entre les groupes d'élèves et entre les conditions de présentation. Les analyses corrélationnelles ont montré des fonctionnements différents d'un groupe d'élèves à l'autre au cours de l'activité d'écriture. Ces résultats sont interprétés en termes de développement de stratégie rédactionnelle.Mots clés traitement de la coréférence, occurrences de personnages, chaîne de référence, paramètres temporels, pauses de préécriture, pause d'écriture Introduction L'apprentissage de la production écrite constitue un des enjeux fondamentaux des apprentissages scolaires, au sens où savoir écrire est une compétence essentielle pour la réussite de la scolarisation et pour l'intégration dans la société. Cet apprentissage, qui débute de façon formelle dès les premières années de la fréquentation scolaire 1 (Ferreiro, 1988), se poursuit tout au long de la scolarité obligatoire, et même au-delà. Sur le plan cognitif, il s'agit d'un apprentissage long et difficile qui implique, de la part du scripteur, de coordonner plusieurs opérations cognitives plus ou moins coûteuses en ressources cognitives, et ce, selon son niveau d'expertise (Piolat, 2004). Depuis les travaux de Hayes et Flower (1980), il est admis que pour produire un texte, le scripteur doit construire au préalable un ensemble de représentations préverbales du message regroupant les idées à communiquer au regard des exigences de la tâche ; ce premier niveau, appelé planification, correspond au niveau sémantique. Ensuite, le contenu du message planifié fait l'objet d'une deuxième opération de traitement pour être mis en mots ; ce deuxième niveau, dit de mise en texte, correspond au niveau linguistique : c'est à ce niveau que