L’article analyse un incident, défini comme un fait perturbateur imprévisible, survenu entre un élève et la professeure lors d’une leçon d’histoire dans une classe de SEGPA. Cette analyse, basée sur une vidéo enregistrée, est le fruit d’un travail exploratoire conduit par des chercheur·euse·s dans les champs de la didactique et de la sociologie. La combinaison des deux approches vise à étudier la genèse de l’incident, à travers la mise en lien de la théorie de l’action conjointe en didactique et d’une approche interactionniste en sociologie – toutes deux centrées sur le jeu des acteur·rice·s. La première partie de l’article s’intéresse à l’approche didactique de l’incident (modalités de transmission et sens du savoir, position topogénétique des élèves face au savoir). La seconde développe une lecture sociologique interactionniste de la situation. La troisième articule les contributions des deux premières parties et propose de suivre l’évolution de trois indicateurs, élaborés pour faire dialoguer les apports respectifs de deux analyses. Un double mouvement est mis au jour : l’effacement des savoirs au cours de la leçon est concomitant à une hausse de la tension et des rapports de force en classe. Cette lecture croisée didactique et sociologique apparaît féconde pour penser l’importance du jeu d’apprentissage, en imbrication avec les logiques de gestion de l’ordre scolaire.