Alors que les professionnels de l’enfance rejettent massivement l’introduction du trouble des conduites en France au cours des années 2000, la catégorie d’adolescents « difficiles » rencontre un succès et organise des actions institutionnelles. Elle repose sur des savoirs psychanalytiques sur les déviances et sur une critique de leur pathologisation. À partir d’une enquête ethnographique, cet article réexamine la notion de psychiatrisation. Plutôt que l’établissement d’une juridiction professionnelle, la psychiatrisation est ici une façon clinique de poser un problème commun. Elle permet de constituer des collectifs professionnels mais empêche une lecture sociale du problème.